L’émotion à fleur de peau

Lionel Bringuier et Gautier Capuçon se retrouvent pour un concert où l’âme slave est à l’honneur. Deux pages majeures du répertoire de la fin de XIX^e siècle se font face : le célèbre Concerto pour violoncelle de Dvořák, génial pilier du répertoire, et la dernière symphonie de Tchaïkovski, sublime hymne du musicien russe au romantisme finissant.

Au moment où il se lance dans la composition de son célébrissime Concerto pour violoncelle et orchestre (1896), Dvořák est l’un des musiciens les plus en vue de sa génération : il a derrière lui de véritables « tubes », comme sa Symphonie n°9, la fameuse « Symphonie du Nouveau Monde ». N’ayant plus rien à prouver, il laisse ici libre cours à son inspiration – et crée une œuvre simplement divine et magique, avec ses couleurs chaudes, humaines, mais aussi et surtout un ton très personnel. Qui mieux que Gautier Capuçon peut aujourd’hui rendre justice à ce chef-d’œuvre d’invention et de liberté ? Dernière symphonie de Tchaïkovski, la sublime « Symphonie pathétique » (1893) est une œuvre tourmentée. Les ruptures narratives, l’élan, le souffle épique, tout se fait ici très dramatique. Les orages sont ceux d’un cœur à fleur de peau, qui semble vouloir faire table rase des joliesses qu’on lui a connues. Mais quelle pudeur toutefois dans ce déchainement de passions ! Preuve de l’influence de cette page géniale sur les esprits, Klaus Mann écrira en 1935 un roman qu’il intitulera La Symphonie Pathétique, dont le sujet n’est autre que Tchaïkovski lui-même...

Antonín Dvořák Concerto pour violoncelle n°2 en si mineur, op. 104 

Piotr Ilitch Tchaïkovski Symphonie n°6 en si mineur « Pathétique », op. 74